Une des choses qui m’a toujours interpelée, c’est la façon dont nous nous nourrissons.
À l’école, on nous a bien appris que :
- nous retrouvons dans la nature les atomes et molécules qui forment notre organisme,
- la nutrition consiste à créer une interaction entre les éléments extérieurs et les éléments intérieurs de notre corps pour lui donner de l’énergie,
- ces éléments extérieurs modifient d’une certaine façon notre organisme, en lui « donnant » leurs spécificités (apports nutritionnels).
Alors pourquoi cela ne choque-t-il pas de manger des pesticides et aliments génétiquement modifiés ? Comment peut-on croire un seul instant que ce qui tue ou modifie des organismes vivants composés des mêmes éléments que nous, ne va pas avoir un impact négatif sur notre organisme, d’autant plus si nous les ingérons par notre nourriture ou notre respiration ?! De même lorsque c’est ingéré sous forme de médicament ou injecté directement dans le sang, d’ailleurs… Je ne comprends pas comment on peut occulter cela à ce point. Cela défie toute logique.
Bien sûr, cela ne m’a pas empêché de manger énormément de ces « choses » étant enfant, adolescente et jeune adulte. Car même si mon bon sens me dictait que c’était mauvais, cela ne pouvait pas vraiment l’être, si ? Si c’était vraiment mauvais pour nous et la planète, les décideurs, les garants de la santé, les garants de l’environnement, ne l’autoriseraient pas. C’était moi qui n’était juste pas assez intelligente pour le comprendre…
Puis, j’ai perdu de ma naïveté, les différents scandales sanitaires et environnementaux m’y aidant (« ah, ils s’en fichent de nous et de la planète en fait, ils comptent juste l’argent ! »).
C’est à partir de là, vers 25 ans, que j’ai commencé à mettre de plus en plus ma vie en adéquation avec mes convictions. D’abord par la nourriture, puis les produits ménagers, les produits cosmétiques, les vêtements, les médicaments, etc. Et même si c’est parfois (mais pas toujours) plus cher, si ce n’est pas toujours facile à trouver (des chaussures de marche bio svp!) ou si certains mentent en disant que c’est bio, éthique, etc., c’est toujours faisable !! Mais si… 😉 D’autant que cela est devenu une « mode », donc c’est plus facile à trouver maintenant qu’avant !
Une mode ou un mode… de vie ?
Mais cela ne suffit pas de faire la chasse au labels bio, éthique, responsable etc. Car il y a énormément de green-washing, de gens qui ne pensent qu’à gagner toujours plus d’argent et contournent les règles pour avoir un label sans être respectueux de la nature.
De plus, le « bio » est un mode de vie. Ce n’est pas prendre sa voiture hybride pour aller dans le supermarché ou magasin bio du coin acheter des bonbons bios, gâteaux bios, plats préparés bios, en vérifiant sur l’appli de son smartphone dernière génération s’ils sont bien notés, puis rentrer dans son appart où on fait pousser quelques légumes hors-sol, placer un plat dans le four à micro-ondes, et se mettre devant son écran pour lire des articles de blogs comme le mien en se disant « ah oui c’est cool » (je n’étais pas loin de cette image à moment donné…).
Pour moi, c’est remettre la Vie au centre. C’est d’ailleurs ce que veut dire « bio ».
Ne plus être un consommateur, mais prendre uniquement ce dont j’ai besoin.
Aller chez le petit paysan bio du coin pour manger des légumes frais et de saisons cultivés avec amour et respect de toute vie.
Aller chez le boucher qui connaît ses fournisseurs et sait que les animaux sont traités avec respect.
Cuisiner moi-même de bon petits plats, simples.
Et n’acheter que ce qu’actuellement je ne peux ou ne veux pas faire pousser ou cuisiner moi-même, dans le respect de mon rythme et de ma vie.
Car je pourrais aussi tout lâcher pour me consacrer à 100 % à faire pousser les fruits, céréales et légumes dont je me nourris, ne plus manger d’aliments « exotiques », ne plus manger ce que je ne peux produire moi-même. Mais ce n’est pas ce que je veux non plus. Je pense que chacun a son rôle, et que nous sommes tous complémentaires. Je peux me consacrer à ce que je pense ou défini être mon rôle, et faire confiance à d’autres pour se consacrer au leur. Je peux avoir du temps pour créer, chercher, partager, et connaître des personnes de confiance à qui acheter ce dont je me nourris et me vêts. Cela les encourage à continuer et leur permet de subvenir à leurs autres besoins. Tout comme ceux qui achètent mes créations ou paient pour voir mes spectacles m’encouragent à continuer et me permettent de subvenir à mes besoins, en encourageant les autres, etc. Et cela crée un cercle vertueux, une complémentarité entre chacun et chacune, où chacun a sa place, qu’il a choisi, et dont il peut changer s’il le souhaite.
J’ai longtemps voulu savoir tout faire et ne « dépendre » de personne. C’était ma vision de l’autonomie. Mais je le vois maintenant différemment.
Et dans ce cas, la complémentarité se dessine et l’harmonie se crée. Dès lors que la vie est placée au centre, que l’amour et la bienveillance l’entourent, et que la confiance est partagée. Et la confiance, ça vient en expérimentant et en vivant !
Bien sûr, ce n’est pas simple et cela demande beaucoup de travail sur soi, ses croyances, ses limites, ses peurs, ses conditionnements. Cela demande de s’extraire d’un mode de vie qu’on nous a inculqué, pour découvrir et choisir celui qui nous correspond.
Se renseigner, chercher, fouiller
Pour en revenir à acheter « bio », « éthique », « responsable », etc., il est important de bien se renseigner, de connaître ceux à qui on achète pour savoir si on peut leur octroyer notre confiance.
Pour la nourriture, c’est relativement simple : il suffit d’aller voir les producteurs, les fermes, les artisans, de discuter avec eux, d’apprendre à les connaître… Voire de partager un peu de leur quotidien en aidant aux récoltes par exemple.
Pour d’autres choses, plus « grosses », qui sont fabriquées en série, cela demande un peu plus de recherches.
Par exemple, pour les voitures hybrides. Je suis tombée dans le piège il y a quelques années car je pensais que cela me permettrait de consommer moins d’essence, moins polluer, etc. Mais en fait… Cela ne fait que déplacer la pollution car il n’y a pour l’instant pas de moyens pour recycler les batteries qui vont aller polluer le sol, quelque part, ou l’eau, au choix. De plus, ces voitures sont souvent plus lourdes que les anciennes petites voitures, et donc consomment plus d’essence qu’elles. Donc, au final, la consommation d’essence n’est pas vraiment réduite… Et mon ancienne Toyota Yaris hybride avec son Crit’Air 1 n’est pas plus « écologique » que ma nouvelle vieille Peugeot 106 essence/éthanol… qui est aussi plus adaptée à mon lieu de vie (à la campagne en moyenne montagne, avec des chemins bien cabossés).
Recycler, upcycler, réutiliser, créer, troquer, donner
De même, pour ce qui est des vêtements, j’ai deux modes de fonctionnement :
- soit du neuf, avec des habits « bio » et « éthiques » de marques sur lesquelles je me suis renseignée ou d’artisans que j’ai rencontrés ici ou là. C’est une façon pour moi d’encourager ces créateurs et créatrices en leur donnant de l’argent en échange de leur travail.
- soit du seconde main (ou troisième, quatrième, etc.) que j’achète à prix symbolique, récupère, échange, troque, répare, etc. Dans ce cas, les matières de bases ne sont pas toujours les plus nobles, mais je participe à ne pas voir jeter ces vêtements. Vu qu’ils ont été fabriqué et acheté par des gens, autant prolonger leur vie au maximum… Même si j’aurais parfois préféré qu’ils n’existent pas au départ, du moins avec ces matières et process de fabrication. D’ailleurs, la mode du « vintage », où les fripes sont vendues aussi cher que du neuf, voire des fortunes parce que c’est « la mode », m’énerve au plus haut point… Encore une façon de remplacer un mouvement de solidarité, sobriété et recyclage en marché lucratif, et en priver ceux qui ont peu d’argent…
Une troisième façon pour moi de trouver de quoi me vêtir est de faire moi-même mes vêtements en crochet et tricot, mais pour l’instant, je débute et c’est donc très très rare… 😉
Je fonctionne de la même façon pour les meubles (« fait maison », artisans, récupération, ressourcerie ou recyclerie), et plein d’autres choses.
L’autre chose que je veux participer à développer est le don. Et je vois fleurir de plus en plus d’initiatives dans ce sens.
Par exemple, les boîtes à livres qui fleurissent un peu partout, où chacun peut déposer des livres et en prendre à volonté.
Autre exemple, dans mon village, il y a un magasin gratuit qui fonctionne sur le même principe, avec également des vêtements, de la vaisselle, du mobilier, des outils, de la déco, etc.
Et bien sûr les dons entre amis, voisins et connaissances.
Ne prendre que ce dont on a besoin
Enfin, une des choses les plus importantes pour moi dans ce mode de vie, est de ne « consommer » que ce dont on a besoin.
Personnellement, je vois que je mange trop. Mon dernier jeûne en date m’a aussi permis de mettre le doigt là-dessus ! Je mange par habitude, par gourmandise, par envie, par volonté de goûter, de savoir si j’aime, de profiter des bonnes choses. Je ne dis pas qu’il ne faut pas que je me fasse plaisir, mais je pense que je pourrais tout autant apprécier ce que je mange, manger des choses excellentes, tout en mangeant moins 😉
Ce que je faisais à moment donné, mais mon entourage a changé et j’ai eu tendance à m’adapter à leur rythme. Mais là, c’est décidé, je reviens au mien et je réduis ma consommation de nourriture !
Pour ce qui est du reste, je suis plutôt sobre. J’achète peu de vêtements, les garde longtemps, les troque ou les donne quand je ne les mets plus. Je fais mes propres mélanges de produits ménagers, qui se limitent au minimum (bicarbonate de soude, vinaigre blanc, savon noir et huiles essentielles sont mes amies), jusqu’à ce que je commence à les fabriquer moi-même (avec des plantes, de la cendre… il faut que je fasse mes tests et recherches). Mes meubles sont soient très vieux, soit de la récupération, soit de la brocante ou recyclerie, soit du fait-maison avec de la récup. Et quand mes finances le permettent, du fait-main par un artisan 😉
Remettre la valeur dans ce que l’on consomme
Tout cela ne peut se faire que s’il y a une réelle motivation qui pousse à faire ces « efforts », de retourner vers une vie plus simple et plus sobre.
Pour moi, elle est du domaine du sacré. Je ne parle pas ici de religion (quoique, peut-être au niveau étymologique), mais de respect de la vie.
Tout ce que je consomme m’est offert par la nature, par le labeur des êtres visibles et invisibles qui le crée, le conçoivent, le fabriquent, l’entourent, l’encouragent. Chaque meuble que je touche, chaque aliment que j’ingère, chaque respiration que je prends, chaque vêtement que je porte, chaque énergie qui me réchauffe, tout est né d’une sagesse mise en œuvre, d’un don d’énergie de vie.
Tout est précieux.
Et je veux en être digne, ne pas le gâcher, mais le reconnaître et le respecter.
Alors, même si je ne suis pas parfaite, même si parfois je me trompe, même si je n’ai pas le mode de vie 100 % bio, éthique et tout et tout, je continue et continuerai à avancer dans ce sens.
Et vous ?
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