Aujourd’hui, une petite histoire sous forme d’un billet d’humeur… Ou l’inverse.
Attention, il y a de la révolte dedans.
Il était une fois, une artiste qui voulait développer son activité.
Elle voulait ouvrir un compte en banque dédié à son activité professionnelle, pour pouvoir mieux différencier les revenus et dépenses liées à son activité. De plus, étant donné qu’elle voulait faire de cette activité sa principale source de revenu, elle comptait arriver rapidement au seuil à partir duquel un compte dédié est obligatoire.
La loi Pacte, du 22 mai 2019, impose la création d’un tel compte si le chiffre d’affaire dépasse 10 000 € par an, pendant 2 années consécutives. De plus, comme il est précisé sur le site officiel www.entreprise.gouv.fr, il s’agit ici « d’un autre compte personnel uniquement relié à votre activité professionnelle. » (https://www.economie.gouv.fr/entreprises/micro-entreprise-auto-entreprise-forum#_Toc12374595) et non d’un « compte professionnel », appellation marketing d’un compte avec différents services que proposent les banques.
La jeune femme est donc allée voir sa banque, dans laquelle elle a un compte en tant que particulier, et a demandé l’ouverture d’un autre compte. Sur ce compte, elle devait aussi faire prélever une assurance de responsabilité civile professionnelle. À sa grande surprise, son conseiller lui a dit que dans ce cas, sa hiérarchie lui imposerait de passer le compte en « compte professionnel ». Avec les services pour les professionnels, facturés, bien sûr.
Mais l’artiste n’en avait cure de ces services. Elle avait juste besoin d’un numéro de compte où faire ses virements, déposer les paiements, et utiliser pour ses frais professionnels. « Je sais bien » lui répondit son conseiller désolé « mais j’ai les pieds et poings liés par ma hiérarchie. Vous pouvez essayer d’autres banques, mais je crains qu’ils ne vous disent la même chose. »
La jeune femme, n’étant pas du genre à se laisser abattre par un refus (sinon, elle ne serait pas artiste !) est allée voir d’autres banques. Et là, elle a appris que TOUTES les grandes banques avaient cette même « politique ».
En langage « politique », la voici : « Étant donné que les opérations sont d’ordre professionnel, vous êtes dans l’obligation d’avoir un compte professionnel avec tous les services facturés. C’est pour mieux gérer la fiscalité et combattre le blanchiment d’argent et le travail au noir vous comprenez… Nous comprenons votre désarroi… Mais nous aussi avons des contrôles, c’est dans notre convention collective… »
Traduit plus clairement, c’est : « La loi ne vous impose pas un compte pro ? Et bien nous si ! Alors si vous voulez avoir une activité professionnelle, et bien vous ouvrez un compte pro et nous payez entre 25 et 50 € par mois pour ça. Et si vous n’êtes pas content, et bien, allez voir ailleurs ! Ah non, on s’est tous mis d’accord alors, ailleurs ils vous diront pareil. Oh, et si vous fonctionniez avec un compte perso pour votre activité pro avant, sachez que si on s’en aperçoit, on vous virera. À moins que vous ne le passiez en pro bien sûr, cher client vénéré ».
La jeune femme s’écrit : « Mais c’est hors-la-loi ! », et les banques lui répondent : « Non, nous avons le droit de refuser l’ouverture d’un compte à quelqu’un. Nous n’avons pas non plus l’obligation de garder un compte ouvert, d’autant plus s’il contrevient à notre politique. »
Ou, encore une fois, comment des « entreprises » ayant un monopole peuvent imposer leurs idées pour qu’on leur paye quelque chose dont nous n’avons ni le besoin, ni l’obligation, parce qu’elles utilisent une faille ou un flou dans la loi. Grrr !
La jeune femme hors d’elle, tournait dans son petit appartement comme un lion en cage. « Marre de ces banques qui nous imposent leur vision ! Et en plus, elles ne sont même pas éthiques ! ».
L’artiste s’est arrêtée.
En fait, elle avait déjà un compte dans une banque plus éthique. Le Crédit Coopératif. Mais cette banque était associée à la BPCE (groupe Banque Populaire-Caisse d’Épargne). Enfin, pour être précis, « le Crédit Coopératif n’appartient pas à ce groupe, mais en est sociétaire et donc détient des parts de ce groupe ». Donc, pour simplifier, ils ont donné de l’argent à un groupe qui le fait fructifier en finançant des choses non-éthiques (c’est un euphémisme), et leur reverse des dividendes qu’ils ré-investissent à 70% dans de l’économie sociale et solidaire. La finalité, d’avoir de l’argent sur financer des projets éthiques et solidaires, était en accord avec les valeurs de la jeune femme. Mais les moyens : « je t’aide à détruire pour que tu m’aides à limiter les dégâts »… La jeune femme a poussé un gros soupir.
Elle trouvait ça franchement hypocrite quand même… Mais c’était un peu moins pire que les autres banques qui détruisent beaucoup, et ne font rien (ou juste un peu de greenwashing) pour construire, préserver ou reconstruire.
Le grand plus du Crédit Coopératif, est qu’elle est plus transparente dans ses investissements (même si ce n’est pas du 100%), et que le client peut choisir où est investi l’argent qu’il dépose sur son compte courant. On se rassure comme on peut…
Mais une banque 100% éthique et intègre dans sa démarche existe-t-elle?
Elle a entendu parlé d’une autre banque, la Nef. Mais pour l’instant, elle ne propose de compte courant qu’aux professionnels. Des comptes « pro », avec les frais inhérents…
Du coup, elle a juste fait une demande pour ouvrir un livret en temps que particulier, pour que son épargne ne finance pas le CAC 40, ce serait déjà ça… Car elle n’a jamais compris l’intérêt de la Bourse. Intellectuellement, si. Mais « en vrai »? Pour elle, ça ne sert qu’à virtualiser les choses, à jouer avec les ressources indispensables à la vie, créer des famines, détruire des vies, des carrières, détruire la planète sans se salir les mains, et à faire croire qu’au fond, rien n’a vraiment de valeur à part l’argent…
Bref, elle a donc voulu ouvrir un livret à la Nef pour que ses petites économies servent à des projets bons pour la vie et la planète. On lui a demandé un numéro de téléphone mobile pour ouvrir le livret. Mais la jeune femme, elle n’a pas de mobile, et elle vit très bien sans. Elle en a informé la Nef, qui lui a répondu qu’il fallait un numéro de portable, ou rien. Ah ? Et c’est tout ? Ça s’arrête là ? Pas moyen de moyenner ? Ben, c’est pas super fraternel (Nef = Nouvelle économie fraternelle) ça, que d’imposer à ses clients d’avoir un certain type de produit, qui plus est invasif !
Bref… Au final, elle n’a pas ouvert d’autre compte. Le jour où elle en aura vraiment besoin, elle avisera !
« Ah… si on pouvait se passer des banques ! Mais avec toute cette virtualisation de la monnaie, c’est compliqué… Serait-ce fait exprès ? » se demande-t-elle innocemment…
Alors, elle a décidé d’utiliser de moins en moins son compte bancaire. De n’utiliser sa carte bleue que pour retirer de l’argent et pour payer ses achats sur le net. De payer la plupart de ses achats en direct en espèces. De faire plus de trocs et d’échanges de services… Bref, de se passer le plus possible des banques, jusqu’à ce qu’elle trouve (ou qu’on l’oblige) à s’en libérer totalement…
Et vous ? Où en êtes vous à ce sujet ?
Si vous trouvez la banque parfaite, ou la mettez en place, n’hésitez pas à le dire !
Et que pensez-vous de la virtualisation de la monnaie ?
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